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PATAXICO
19 avril 2008

Et pourquoi pas Chiloe ?

Bonjours a tous,

Depuis que nous sommes en Amerique du Sud, on entend de nombreuses versions toutes differentes sur la deuxieme plus grande ile du Chili. Il y a ceux qui ne parlent que de Chiloe, qui sont litteralement tombes amoureux de son histoire, de son atmosphere particuliere, de ses petits villages aux eglises en bois si jolies (16 sont classees au patrimoine mondial de l'UNESCO), de ses maisons sur pilotis et de son curanto, le plat local, un gros ragout de viandes et fruits de mer. Et puis il y a ceux qui n'ont pas aime : "Ca ne vaut pas la Bretagne", "C'est completement plat et il pleut tout le temps" (plus de 150 jours de pluie par an). Bref les avis divergent completement sur cette ile, mais en tout cas elle ne laisse pas ses visiteurs indifferents.

Moi, j'avais une raison bien particuliere de vouloir aller a Chiloe, qui n'a rien a voir avec toutes les raisons citees ci-dessus.  Une raison que je trouve un peu debile mais qui a ete plus forte que moi et qui m'a vraiment donne envie de m'y rendre. Ca faisait plusieurs jours que j'avais un nom dans la tete, le nom de ce petit bled qui s'appelle Quellon et qui est au bout de l'ile. Il n'y a rien a Quellon et je le savais en y allant. C'est un petit port, pas tres joli qui donne sur le golfo Corcovado,  mais j'esperais secretement y trouver un panneau... un panneau m'indiquant " Ici est le depart ou la fin de la route la plus longue du Monde, ici commence ou se termine la Panamericaine longue de plus de 25000km". Depuis de nombreuses annees, j'ai dans ma tete les noms de quatre routes qui sont pour moi les plus mythiques du monde :

  • La premiere, qui je l'espere fera l'objet d'un prochain voyage, est "La Route de La Soie" reliant l'Orient a l'Occident. C'est LA ROUTE, le but ultime de tout grand voyageur, je pense. Une route sans veritablement de fin et sans  veritablement de debut mais elle traverse l'Europe et l'Asie Centrale passant par des lieux aussi charges d'histoire et aussi difficiles d'acces que l'Himalaya, le desert de Takla Makan, L'Iran, la Turquie, j'en passe et des meilleurs.

  • La deuxieme est "La Route du Sel" a travers le Sahara: traverser le Sahara avec une caravane de dromadaires entoures de Touaregs ; c'est aussi un de mes reves. L'atmosphere de Tombouctou et le Mali ont fait parti de nos plus beaux voyages et ca nous manque un peu. J'aimerai voir l'Egypte et revoir le Grand Erg Oriental. Le Sahara, le Dieu des Deserts.

  • La troisieme est "La Route 66" aux Etats Unis. Quand on est gamin, on reve toujours beaucoup sur le geant Etats-Unien; "Easy Rider" avec Dennis Hopper, Peter Fonda et Jack Nicolson; "Boooooorn to be Wilddddd...". J'en suis revenu aujourd'hui des gringos et des yankees, mais neamoins cette route est dans ma tete avec une Harley bien sur, des potes et un blouson de cuir... Bon, il faut que je passe le permis et ca risque de faire hurler ma maman mais je ne me vois pas la faire en mobylette...

  • La derniere est cette fameuse "Panamericaine". J'ai entendu de nombreuse version sur la Panamericaine. Si vous tapez "Panamericaine" sur Google, vous avez des chances de trouver : "La route la plus longue du Monde reliant Ushuaia a l'Alaska en longeant la cote Pacifique". Or, il n'y a pas de route qui longe le Pacifique dans l'extreme sud du continent. Pour moi, la "Panamericaine" demarre reellement ici a Chiloe et a Quellon plus exactement. Elle se termine a Fairbanks en Alaska, mais je ne suis pas alle verifier sur place...  Entre Ushuaia et Quellon, plus au sud donc, il n'y a pas de route a proprement parler. La "Carretera Australe", construite sous Pinochet, pourrait etre un bout de prolongement de cette route, un bout de 1200 Km mais qui s'arrete a la Villa O'Higgins, ou nous etions passes il y a deux mois maintenant. Apres il n'y a plus de route (voir le message de Christelle date du 27/02/2008 appele "El Chalten - Tortel ou comment passer d'un repaire de touristes a un repaire de pirates).  La seule route qui arrive a Ushuaia est la Ruta 3 et elle longe l'Atlantique pour se terminer a Buenos-Aires.

Revenons sur Chiloe... ca  avait tres tres mal commence... J'etais d'une humeur de chien en quittant Puerto Varas. La veille de partir, un steak dur comme du cuir que je voulais absolument saignant, et qui me faisait salive depuis trois jours de quasi diete, m'a foutu hors de moi. Rajoutez a ca, les milliards d'arrets de Christelle devant tous les magasins de laine de Puerto Varas et une nuit dans une auberge bruyante et vous avez le resultat : un mec fin enerve le lendemain  (comme on dit, par chez nous, en Franche Comte). Bref, je n'etais pas de la meilleure des humeurs pour visiter cette ile. Heureusement, le temps etait beau et la route le long de la cote Est de l'ile magnifique. C'est vrai que ca ressemble un peu a la Bretagne avec des belles anses ou baignent des bateaux de pecheurs, de petits villages jolis comme tout et les fameuses eglises tout en bois. Bon, mais a part ca pas de quoi en ecrire un roman... et jusque la, pas de quoi me sortir de mon humeur de chien.
Heureusement le soir est arrive. Mon rayon de soleil de la journee est venu la nuit. Nous avons debarque vers 18H00 sur l'Isla Quinchao, un tout petit ilot sur les bords de Chiloe et nous nous sommes retrouves dans le petit bled de Achao (drole de nom), un petit port de peche. La,  j'ai enfin pu saisir pourquoi certaines personnes s'attachent a Chiloe. Bon, je ne sais pas si c 'est vraiment la raison premiere mais c'est celle qui m'a, moi, le plus seduit. A Achao, donc, il y avait un petit bistrot restaurant, le "Mar y Velas". Et oui, un petit bistrot-restaurant comme en Bretagne, avec tous les poivrots du village attables devant le match de foot opposant le magique Colo-Colo (le plus grand club de foot du Monde pour les Chiliens) a un autre club Sud-Americain dont personne n'a pu me dire le nom. Bon, le Colo-Colo prenait une bonne branlee et l'ambiance n'etait pas des plus joyeuses, mais on pouvait sentir ce que cela pouvait donner dans les beaux jours. Malheureusement, vu la gueule que je tirais depuis le matin et la passion immoderee de Christelle pour le football, j'ai du faire profil bas. On s'est donc place de telle sorte que je ne puisse pas voir le match pour pouvoir un peu mieux discuter. Mais les "GOAAAAAAAAAAAAAAAAAAL!!!!!!!!!" du presentateur et les visages crispes des telespactateurs m'ont quand meme donne un bon appercu de l'ambiance qu'il pouvait y avoir dans les bons jours. Un bon steak, cette fois saignant, servi avec une portion de puree qui nourrirait quatre regiments de legionnaires et une tres bonne biere locale  m'ont reconcilie avec la vie et m'ont redonne le sourire. Sourire qui s'est carrement transforme en gros eclats de rires le soir en lisant un bouquin echange a Puerto Varas : "Les Breves de Comptoir" de Jean-Marie Gourio, un vrai regal. J'avais, apres tout ca, un bon gout de bistrot dans la tete et Dieu sait que les bistrots  bien francais et leur ambiance si franchouillarde me manquent...

Le lendemain, route directe pour Quellon. On a trouve "mon" panneau qui etait en cour de construction (voir photo)  et la confirmation que Quellon ne vaut pas specialement le detour. Mais bon, nous sommes alles au bout de cette fameuse "Panamericaine" et rien que pour ca, je suis content des 200 km A/R realises dans la journee. Je sais ce que vous pensez, "200km pour un pauvre panneau en bois, c'est con". OK, mais si on ne faisait que des choses intelligentes dans la vie, qu'est ce que l'on se ferait ch... Bon nous avons quand meme mange dans un bon petit resto a Quellon ce qui peut expliquer un peu mieux le deplacement  qu'un vulgaire panneau pour certains... Autre attrait de Quellon, mais qui est malheureusement impossible a voir : les baleines bleues. Pas tres loin dans le golfo Corcovado, parait-il qu'il y en a, mais elles sont aujourd'hui plus ou moins protegees ce qui fait que sans voilier, elles sont impossibles a voir. Dommage, voir le plus gros mammifere du Monde nous aurait bien plu... "Fernande", tu nous manques! Le retour jusqu'a Castro, la capitale de l'ile s'est fait sous la pluie. Arrives de nuit, nous avons deja pu juger des charmes de cette ville, de ses "Palafitos" (maisons sur pilotis) et de son eglise.

Quand nous nous reveillons le lendemain, Castro et Chiloe ont repris la couleur des jours ordinaires : gris et pluie. Apres un coup de panique lie a la peur d'avoir perdu notre appareil photo  (on l'a retrouve finalement dans les pelotes de laine de Christelle), nous avons entrepris la visite de Castro. Encore une fois, c'est comme on nous l'avait dit, joli mais..., autant Christelle que moi n'avons pas attrape le coup de foudre. Bref, au bout d'une bonne heure a tourner en rond, nous reprenons la route pour quitter definitivement l'ile sous des trombes d'eau. Bon vous l'aurez compris, sans pour autant dire que Chiloe ne vaut pas le coup d'etre visitee, nous partageons plutot l'opinion des decus de Chiloe. Disons pour terminer que si l'on ne devait conseiller qu'un seul endroit au Chili, je ne pense pas que nous conseillerions Chiloe. Apres, a chacun de se faire son opinion...

De retour sur le continent nous avons pousse jusqu'a Frutillar, un petit village tres fortement impregne de la culture allemande, bordant le lac Llanquihue. Pour Natacha, qui nous a pose la question, il y a eu une forte immigration d'allemands au XIXeme siecle dans la region. Le consul du Chili a Hambourg de l'epoque suggera a son gouvernement d'inviter des Allemands a coloniser les terres de cette region  vierge (disons plutot "debarrasser" des indiens Mapuches). De nombreux allemands sous-employes dans leur pays sont donc venus ici laissant une empreinte encore bien vive dans la region... j'ai pas la version bien en tete, mais c'est a peu pres ca... D'ou les cimetieres allemands.

De Frutillar nous sommes alles jusqu'a Valvidia ou nous sommes aujourd'hui et ca nous a fait du bien. C'est assez paradoxal, car nous cherchons le plus souvent a sortir des coins bien touristiques, mais la on ressentait vraiment le besoin de se replonger un peu dans la civilisation. L'activite d'une ville nous manquait un peu... a un moment, trop de silence, ca tue le silence... Que dire sur Valvidia? C'est probablement la ville la plus jolie de la region, nous la decouvrirons un peu mieux demain, mais nous avons deja fait le tour de sa place principale et de son petit port fluvial ou quelques otaries profitent de  la bouffe lancee par les passants. A Paris, les grands-meres nourissent les pigeons et ben ici, elles nourrissent les otaries... c'est un peu plus joyeux... Nous sommes effectivement dans une grande ville : il y a un Mac Do pas loin de la place principale (nous n'en avions pas vu depuis Buenos-Aires). Dernier point sur Valdivia, c'est la qu'est produite la meilleure biere du pays, la "Kunstmann", que nous avions deja goutee sur Chiloe. D'ailleurs il faut que je vous laisse, il y en a une qui m'attend... et j'ai le gosier sec comme un desert.  Avant de vous quitter une petite breve de comptoir qui m'a bien fait rire:
" Si je ne devais emmenner qu'UN seul disque de Mozart sur une ile deserte... et bien je crois que je prendrais la 5eme symphonie de Beethoven"

Suerte

Vince

PS 1: Nous souhaitons un tres tres bon anniversaire a Serge, notre compagnon de voyage sur Fernande, ainsi qu'a Nathalie et Ludo et pour les 1 mois de Lela!
PS 2 : On a rajoute 2-3 bricoles dans la page culture et dans les itineraires.


3 Lea dans l'album photo correspondant


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