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PATAXICO
27 février 2008

El Chalten - Tortel ou comment passer d'un repaire de touristes a un repaire de pirates

Au depart d’El Chalten, le but de notre expedition etait de rejoindre Tortel, le point de depart de notre croisiere en voilier dans les canaux de Patagonie chilienne. Or, comme il n’y a pas de route entre ces 2 points et pour eviter de faire un detour de folie pour passer la frontiere, nous avons decide de la traverser d’une facon plus directe et plus originale.

Initialement, il s’agissait de prendre :

- 1 bateau pour traverser le Lago del Desertio
- des chevaux entre le Lago del Desertio et le Lago O’Higgins (au lieu de 7h a pied)
- 1 bus entre le Lago O’Higgins et la Villa O’Higgins
- 1 bus entre la Villa O’Higgins et Tortel
- 1 bus entre El Chalten et le Lago del Desertio

Or, la veille, a l’auberge, on nous avait dit que le 1er bateau ne circulait pas, ce qui voulait dire 5h de marche pour contourner le lac avec les sacs sur le dos. On a donc ecrit un mail pour dire qu’on arriverait plus tard que prevu au RDV pour prendre les chevaux, en ne sachant pas du tout si le mail serait lu par les personnes concernees ! Bref, voila ce qu’il devait se passer et voila ce qu’il s’est reellement passe.....

On est parti en bus d’El Chalten jusqu’au lac et la, bonne nouvelle : le bateau circulait ! On a donc pu traverser le lac en bateau (5h de marche d’economisees!) et nous sommes arrives a 11h au point nord du lac ou il y a le poste frontiere argentin et ou normalement les chevaux devaient nous recuperer a 14h. Drole d’atmosphere au poste frontiere : c’est une petite bicoque, qui sent la graille, ou vivent un gendarme et un couple avec 1 enfant. La piece commune fait office de bureau de frontiere. On dirait un peu un bouquin d’Arto Paasilina. Je ne sais pas ce que les gens doivent faire de leurs journees, a part jouer aux cartes, etant donne qu’il y a quand meme peu de traversees de la frontiere par la… On s’est donc retrouve a attendre les chevaux ici (qui viennent depuis l’estancia situee a 7h de marche au bord du lac suivant) avec 2 jeunes allemands qui voyagent en velo et 3 vieux hollandais charges comme des mules (3 gros sacs chacun).

A 14h30, on se demande si les chevaux vont vraiment venir. A 14h40, on decide tous de partir a pied, les sacs au dos, en esperant croiser les chevaux sur la route (il n’y a qu’un seul chemin entre les 2 lacs, facile a reperer : faut suivre le crottin de cheval et les traces de sabot !). Nous voila donc partis chaque groupe a son rythme : les allemands galeraient bien avec leurs velos. La premiere partie entre le poste frontiere argentin et la frontiere elle-meme est en montee dans une foret assez dense sur un petit chemin sinueux. Au bout de 2h de marche, 2 gros panneaux nous indiquent la demarcation de la frontiere Argentine-Chili, situee au milieu de rien !... On etait convaincu de tomber sur le poste frontiere chilien peu de temps apres. Ca nous aurait permis d’essayer de contacter l’estancia par radio pour avoir les chevaux (pas moyen de les joindre depuis le poste argentin, ils n’ont pas de moyens de communication entre eux) et de recuperer de l’eau. Une heure apres avoir traverse la frontiere, toujours rien. Bon, nous voila resignes a nous taper les 7h de marche en totalite avec les sacs sur le dos...

La portion de chemin cote Chili est tres differente : c’est une piste assez large dans une foret assez eparse. C’est relativement plat, c’est deja ca ! Mais le fait d’etre dans une foret nous empechait de nous reperer sur le plan (qui est tres sommaire) pour avoir une idee du temps qu’il nous restait a marcher. Bon, je suis quand meme censee savoir me reperer sur un plan, j’essaie de regarder les courbes de niveau des qu’on a un peu de vue : rien de tres precis. Il nous reste quoi : 2h ? 3h ? En fait, on n’est jamais la ou on pensait etre ! Je commence a fatiguer serieusement : les mollets en feu, les talons en boullie qui brulent. Et on a fait que les 2/3 ! Je ne vais jamais y arriver, je sais meme pas combien de temps il faut encore marcher. Le seul reconfort de Vincent : « On arrivera quand on arrivera ! ». OK d’ac. On augmente le nombre de pauses : 1 tous les ¾ d’heure. Les provisions d’eau, de fruits secs, de chocolat s’amenuisent. Mais une plaquette de chocolat toutes les 2h, ca remonte un peu le moral… A un moment on apercoit le prochain lac au loin, au tres tres loin… enfin, on le voit, c’est deja ca ! Et puis, autant dire qu’on n’a rencontre personne pendant le trajet, si ce n’est les 2 allemands qui nous ont double a velo une fois qu’on etait sur le grand chemin. Les 2 dernieres heures de ballade m’ont vraiment soule. Le lac etait devant nous mais on y arrivait jamais. A la fin, t’as tellement mal partout que t’es aneanti, t'es plus qu’un sac a patates qui se traine comme il peut. De toutes manieres t’avances, t’as pas le choix (« Oui, merci Vincent, je sais qu’il n’y a pas le choix ! »).

Malgre tout la vue sur le lac est magnifique ; on est au fin fond du trou du cul du monde, dans un no man’s land entre 2 postes frontiere, a pied, seuls, avec un lac turquoise gigantesque devant nous et entoures de montagnes majestueuses. Les montagnes et les nuages se teintent de rose avec le coucher du soleil. Mais la, bizarrement, ca me passait au-dessus tout ca ! Je n’avais plus qu’une envie c’etait d’arriver !

Il est 20h40 (heure chilienne = 21h40 heure argentine) quand on arrive au poste de frontiere chilien. Grosse journee aujourd’hui pour les douaniers : 8 personnes ont traverse la frontiere dans la journee. Vincent a calcule : 3 min par voyageur, ca fait 24 min de boulot pour leur plus grosse journee de la semaine. On sera les derniers de la journee. 23 kms faits en 7h, soit un peu plus d’un demi marathon avec 13 kgs sur le dos… je suis morte…

On apprendra plus tard que les 3 hollandais ont campe sur le chemin en cours de route ; ils faisaient des allers et retours pour amener leurs sacs en plusieurs fois d'un endroit a l'autre!

On a ensuite pousse jusqu'à l’estancia, 1km plus loin, ou on a reussi a avoir un repas chaud. Ca faisait trop "maison de grands-parents", perso je me croyais chez Papi Mamie dans les Vosges : meme deco, meme poele a bois. Apres le repas, on sort dans la nuit on l’on profite d’un magnifique clair de lune sur le lac. Puis, operation « montage de tente » a la lueur des lampes frontales et de la lune. Ca y est on est couche, la tente ouverte et la tete dehors pour profiter des etoiles. Trop bien ! Quelle journee...


Reveil le lendemain, grand soleil, grosse glande toute la journee dans l’herbe en attendant le bateau qui passe a 17h. Puis 3h de bateau et pour terminer ce 2eme jour, 20 min de mini bus pour arriver jusqu'à la Villa O’Higgins, le village situe au bout de la « Carratea Austral ». Vu qu’il y avait une espece de festival dans le village, toutes les auberges etaient pleines. On s’est donc retrouve au camping avec les memes : les 2 allemands, les 3 hollandais et d’autres.

3eme jour : depart en bus de Tortel a 10h30 avec les 3 hollandais, 2 chiliens et 2 francais : Sandy et Greg (1 normande et 1 breton ; lui, ca fait 13 ans qu'il vit en Irlande et a leur retour, ils pensent s’installer a Nantes). 3h de bus et 1h de bac (pour traverser le bras de mer de Puerto Yungay) plus tard, nous voila au but, la fin de la route : Tortel, un village de pecheurs.

J’ADORE, J’ADORE, J’ADORE ce village. Dans le village, il n’y a pas une seule route mais que des passerelles en bois pour relier les maisons (7 kms en tout). Evidemment, l’auberge qu’on convoite avec Sandy et Greg est au bout du village. On longe les criques sur les passerelles en bois. Dans l’une d’elle, on voit « Fernande », le bateau, au mouillage. C’est bon, ils sont bien arrives. L’apres-midi, Vincent et moi partons piquer-niquer sur un bout de plage sous un grand soleil : le pied ! Puis ballade dans le village a decouvrir ce dedale de passerelles et voir toutes ces petites bicoques en bois colorees. On se croirait vraiment dans un repaire de pirates : les animaux errent partout, les chiens, les chats, les coqs, les poules et les poussins, il y a des moutons dans les barques. Tout est ferme, c’est dimanche. Le soir on va dans le seul resto ouvert avec Sandy et Greg : un ptit saumon a la plancha.


Le lendemain, le 25.02.08, glandouille sur les rochers, ptit tour sur internet. Ici internet est limite a 1/2h par personne et par jour, mais c’est gratuit ! Incroyable ! Ca change. J’emprunte un bouquin en espagnol a la bibliotheque, un truc pour enfants histoire d’y aller doucement. Au detour d’une passerelle, on rencontre Serge et David, l’un travaille au "Nouvel Obs" et l’autre est educ spe. Ce sont eux qui seront avec nous sur le bateau.

Nous avons prevu d'embarquer sur “Fernande” le 26.02.08 en soiree, heureusement car il ne nous reste plus un sou chilien et autant dire qu’ici, il n’y a rien pour retirer ou echanger de l’argent!

Je tiens a insister sur le cote vraiment “pirates” de l’endroit, tout fait “pirates”:
-
les animaux en liberte
- les labyrinthes de passerelles en bois qui montent, qui tournent, qui se croisent
- la musique qui sort des penetres
- les energumenes qu’on a pu rencontrer un soir, completement ivres et qui hurlaient a voix forte des trucs en espagnol
- les baraques sur pilotis faites de toles et de bois
- la vegetation dense
- et le tout au bord de l’ocean… au bout d'un des nombreux fjords

Et pour en rajouter une couche, on s’est fait une excursion pleine de mystere avec Serge et David. Je vais vous raconter l’histoire de le “Isla de los muertos” (Ile des morts).

En 1906, une expedition d’environ 200 hommes venant de Chiloe (une contree un peu plus au Nord) a ete menee dans le coin pour couper du bois. Et les hommes se sont mis a mourir les uns apres les autres : plus de 120 seraient morts. Ils s’enterraient les uns apres les autres, petit a petit. Plein de versions existent pour expliquer ce qu’il s’est passe, mais personne ne sait exactement. Soit il y a eu une epidemie de scorbut, soit ils ont eu une intoxication alimentaire, soit ca aurait ete un assassinat collectif par empoisonnement pour recuperer l’or de leur paie. Il se peut aussi qu’ils soient morts de faim car le bateau qui devaient les ramener n’est passe que 6 mois plus tard. Toujours est-il qu’il reste environ 30 tombes sur cette ile qui est appelee du coup “Isla de los muertos”.

On y accede en barque. La vegetation et la mer ont recouvert la plupart des tombes. Ce ne sont que de vulgaires croix en bois recouvertes de fougeres.

Trop “pirates” quoi!

Premier village ou on se sent vraiment depayse, j'adore!

Krik

PS :

On rajoutera les photos apres le voyage en bateau

Il n'y aura pas Internet sur le bateau

Super bon anniversaire Mounette!!


3 Lea dans l'album photo correspondant


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Commentaires
B
Tous d abord je félicite Vincent pour les messages d encouragement pour que christelle puisse avancer.Encore mieux que la Palice.Vincent tu aurais pus porter le sac de christelle.En tout cas ça a l air d être magnifique et on n aimerais être avec vs ds ce magnifique périple que vs êtes entrain de réaliser.Courage a vs et Gros bisous
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L
Je pense qu'a ce stade du voyage, il faut vous reconvertir dans les romans policiers. <br /> J'ai ete un peu decu par la fin du voyage à Tortel, je pensais que vous alliez arriver dans un "vrai" repaire de contrebandier, avec des espions partout, des coups de feu et l'or qui coule des fenetres...<br /> J'arrete je dois avoir trop lu de romans policiers !!<br /> Bon voyage.<br /> <br /> PS : comment font il cuire le saumon à la plancha?
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D
Toujours aussi sympa vos aventures australes!<br /> Bonne croisiere sur Fernande et continuez a nous faire rever!
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B
superbe les deux pépés marchant sur le ponton
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P
Des sommets mythiques, des rivages de pirates, des imprévus chevalins, des marches interminables, des lacs éblouissants, des rencontres insolites, fichtre, nous n'imaginions pas ce voyage aussi "sauvage": bravo pour ces aventures sportives et merci de nous les faire partager: vous me donnez grande envie de ressortir mon sac à dos! Bisous à vous deux. <br /> Papou<br /> Votre carte d'Ushuaia a mis 5 semaines pour arriver pile à l'anniversaire de Caro: Merci!
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